Retour sur le millésime 2024 chez Bollinger : Petite récolte, grande qualité

Le millésime 2024 en Champagne aura été marqué par des conditions climatiques éprouvantes, mais malgré une récolte modeste, la qualité est au rendez-vous. La météo capricieuse de l’année a imposé des défis de taille aux vignerons, notamment avec des précipitations récurrentes et un ensoleillement faible. Mais une fois de plus, la Champagne démontre sa résilience, offrant des vins d’une qualité exceptionnelle.

Une année viticole sous pression

L’année a commencé sous de mauvais augures. L’hiver 2023-2024 s’est révélé particulièrement doux et pluvieux, avec des niveaux de précipitations atteignant deux fois la moyenne décennale. Le mois de novembre 2023, en particulier, a battu des records, accompagné d’une douceur persistante jusqu’en février 2024. Le printemps a également été difficile pour les équipes du vignoble, confrontées à une croissance rapide des herbes et à des conditions de travail compliquées en raison de sols saturés en eau.

La floraison, autour du 17 juin, a été largement perturbée par une météo capricieuse. Le phénomène de filage – où certaines inflorescences se sont avortées en vrille – ainsi que la coulure et le millerandage ont contribué à une perte significative de grappes.

L’été n’a guère été plus clément, avec une succession d’orages violents et une pression exceptionnelle du mildiou. Cette maladie fongique, favorisée par les pluies régulières, a ravagé une grande partie des vignobles, particulièrement dans l’Aube. Malgré une légère accalmie en août, les dégâts étaient visibles, entre symptômes de pourriture et baies brûlées par des coups de chaleur.

Le « miracle champenois »

Toutefois, le célèbre « miracle champenois » s’est une fois de plus manifesté. Juste avant les vendanges, le soleil a fait une apparition salvatrice, accompagné de nuits fraîches, permettant aux raisins de finaliser leur maturation dans des conditions optimales. Cette combinaison a assuré un excellent équilibre entre la maturité en sucre et l’acidité, avec des grappes dans un état sanitaire impeccable, notamment pour les pinots noirs, chardonnays et meuniers.

La vendange, qui a débuté le 13 septembre à Aÿ, s’est poursuivie dans cet esprit de précision. Les équipes de Bollinger ont mis à profit leur expertise pour élaborer un parcours de récolte méticuleux, visant à cueillir les raisins au moment idéal. Les vieilles vignes ont été récoltées dès le 16 septembre, suivies des chardonnays à Cuis le 21 septembre et des pinots de la Côte aux Enfants à partir du 17 septembre.

Un rendement en demi-teinte

Le seul bémol de ce millésime reste le rendement, sensiblement plus faible que prévu. La moyenne champenoise devrait s’établir autour de 8 000 à 9 000 kg/ha, bien en deçà de l’objectif de 10 000 kg/ha fixé pour l’appellation cette année. Dans certaines régions, comme l’Aube, les rendements ont chuté à environ 3 000 kg/ha en raison des ravages du mildiou.

Heureusement, la Réserve jouera son rôle pour compenser cette petite récolte. Malgré une protection renforcée, le vignoble a souffert, mais a tout de même pu préserver une partie de sa récolte, avec un rendement plus honorable sur le vignoble de la Maison Bollinger. Cette année difficile rappelle l’importance des réserves champenoises, qui permettront d’assurer une continuité qualitative dans les assemblages futurs, malgré les aléas climatiques.

Une fin de vendanges sous la pluie

La fin des vendanges a vu quelques défis supplémentaires, notamment pour les chardonnays qui ont dû être récoltés sous une météo pluvieuse. Cependant, le travail méticuleux des équipes a permis de préserver l’intégrité de la récolte. Les dernières grappes ont été cueillies à Cuis le 27 septembre, clôturant une campagne intense, marquée par une résilience et un savoir-faire viticole exceptionnels.

Malgré un rendement moindre, le millésime 2024 s’annonce prometteur sur le plan qualitatif. Les vendanges, menées avec précision, ont permis de récolter des raisins d’une grande pureté, avec un équilibre parfait entre sucre et acidité, garantissant des vins d’une fraîcheur et d’une élégance remarquables. Comme souvent en Champagne, les conditions difficiles ont révélé l’excellence du terroir et le talent des équipes.