Plongée dans l’univers secret de Michel Roux-Spitz : une collection dévoilée à l’Hôtel Drouot

Le 6 décembre prochain, l’Hôtel Drouot ouvre ses portes à une vente exceptionnelle orchestrée par Ferri & Associés, qui met en lumière l’ancienne collection de Michel Roux-Spitz, architecte emblématique du XXe siècle. Cette première d’une série de ventes dédiées promet une immersion unique dans l’intimité de cet artiste moderne au style anticonformiste, dévoilant des œuvres inédites ayant appartenu à l’architecte, soigneusement conservées depuis des décennies par sa famille.

Un dialogue entre architecture et arts plastiques

Michel Roux-Spitz, figure singulière et audacieuse de l’architecture française, laisse un héritage artistique riche et varié, qui va bien au-delà de ses propres réalisations architecturales. Sa collection personnelle, transmise en 1957 à sa veuve Jeanne-Claire Escuroux, rassemble des œuvres qui étaient intimement liées à sa vie quotidienne et professionnelle. Des sculptures, peintures et objets d’art issus de l’Orient et de la tradition classique ornaient les murs de ses appartements parisiens, et plusieurs de ces pièces sont visibles dans les archives photographiques de l’architecte, publiées dans sa trilogie Réalisations (1924-1957).

Alfred Janniot et la sculpture monumentale au cœur de la collection

Parmi les pièces majeures de cette vente figure une œuvre imposante d’Alfred Janniot, Torse de Cécile, dont un tirage en bronze est estimé entre 30 000 et 40 000 euros. Janniot, rencontré par Roux-Spitz à la Villa Médicis lors de leurs années de formation, devint un collaborateur et un ami fidèle. Cette sculpture, emblématique de leur complicité artistique, témoigne de l’influence de Janniot dans l’univers visuel de Roux-Spitz.

La fascination de Roux-Spitz pour l’Asie

Outre l’art occidental, Michel Roux-Spitz s’intéressait particulièrement aux arts asiatiques, très prisés au début du XXe siècle. Sa collection inclut ainsi des pièces rarissimes, comme un jade finement sculpté de l’époque Qianlong, estimé entre 80 000 et 100 000 euros, ou encore une tête de Bouddha en bronze de la dynastie Tang. Ces objets, photographiés dans ses intérieurs de la rue Litolff et de la rue Guynemer, révèlent un goût pour la pureté des formes et des matériaux.

Un chef-d’œuvre inédit de Paul Jouve, maître de l’Art Déco

Les amateurs d’Art Déco seront également fascinés par une gouache de Paul Jouve, Éléphants se baignant à Angkor Vat, une œuvre jamais encore proposée sur le marché et estimée entre 80 000 et 100 000 euros. Cette pièce renforce l’idée que Roux-Spitz, bien que discret, possédait un œil avisé pour les talents contemporains et une vision singulière de l’art animalier, si prisé dans les années 1930.

Deux chefs-d’œuvre de Jacques Majorelle en exclusivité

La vente réserve une dernière surprise avec deux toiles inédites de Jacques Majorelle, Kasbah à contre-jour et Attente au dispensaire, récemment exhumées de collections privées. Ces tableaux, qui capturent l’essence même de l’Orientalisme de Majorelle, sont estimés entre 60 000 et 100 000 euros. Leur présence dans cette vente souligne l’engouement de Roux-Spitz pour des œuvres au parfum d’ailleurs, dans un dialogue visuel qui dépasse les frontières.

Un événement rare

Alexandre Ferri, commissaire-priseur en charge de cette vente, souligne l’exception de cet événement : « Proposer des œuvres restées dans la même famille depuis des décennies et appartenant à l’un des plus grands architectes français est un privilège rare. Cette vente constitue une transmission précieuse et passionnante pour les collectionneurs. »