Pierre Lannier franchit une nouvelle étape dans la relocalisation de son savoir-faire horloger en France. Après six mois de travaux et un investissement de 250 000 €, l’horloger alsacien a modernisé son atelier historique d’Ernolsheim-lès-Saverne. Objectif : optimiser les processus de fabrication sans renier l’essence artisanale du métier.
Un virage stratégique amorcé il y a dix ans
Confronté à la crise de l’industrie horlogère dans les années 1980, Pierre Lannier avait délocalisé une partie de sa production à Madagascar pour rester compétitif. Toutefois, l’entreprise a toujours conservé une activité en Alsace, soucieuse de préserver son savoir-faire et sa réactivité.
Sous l’impulsion de Jean-Paul Burgun, fondateur de la marque, et de son fils Pierre, la tendance s’est inversée au fil des années. Alors qu’en 2015, 80 % des montres Pierre Lannier étaient assemblées à Madagascar, la dynamique s’est totalement renversée : 82 % de la production est désormais réalisée en France. Un choix audacieux dans une industrie dominée par la fabrication asiatique, où seulement 2 % des montres vendues en 2022 étaient produites dans l’Hexagone (AFP).
Moderniser sans dénaturer le savoir-faire
Avec Raphaël Plaza, directeur des opérations, l’entreprise a repensé son atelier pour améliorer les conditions de travail et optimiser la productivité. L’enjeu n’était pas de mécaniser à outrance, mais de renforcer la qualité des opérations manuelles, essentielles en horlogerie.
« Le principal challenge de cette modernisation a été d’optimiser la part de travail manuel tout en intégrant de nouveaux outils pour automatiser certaines étapes clés », explique Raphaël Plaza. Parmi les évolutions majeures :
• Un flux laminaire ROXER pour un environnement sans poussière, dédié aux montres premium 1977.
• Un nouveau laser équipé de caméras, permettant un positionnement précis des composants avant marquage.
• Une refonte des flux de production, avec un remplacement des postes de travail pour une meilleure ergonomie et une isolation acoustique et thermique optimisée.
Grâce à ces avancées, la productivité de l’atelier a progressé de 18 % entre 2022 et 2024.
Un nouvel élan vers l’international
Pierre Lannier ambitionne désormais de renforcer son rayonnement à l’international, un objectif porté par Laura Burgun, directrice export et représentante de la troisième génération familiale. Aujourd’hui, 15 % du chiffre d’affaires de la marque est réalisé hors de France, avec un cap fixé à 50 % d’ici cinq ans.
Avec cette modernisation, Pierre Lannier réaffirme son attachement au « Fabriqué en France » et sa volonté de conjuguer tradition et innovation pour pérenniser son savoir-faire horloger.
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