Pari méditerranéen. Sous le soleil de Marseille, sur la terrasse iodée du Petit Nice de Gérald Passedat, une annonce a fait vibrer la surface tranquille de la Méditerranée. Gérard Bertrand, figure charismatique de la viticulture biodynamique dans le Sud de la France, scelle un partenariat avec Oceana, la plus grande organisation internationale dédiée à la protection des océans. L’objectif est limpide comme un matin sur les calanques : restaurer l’abondance marine et défendre une biodiversité aussi précieuse que menacée.
Une alliance qui a du fond. À première vue, rien ne destinait le vigneron de Narbonne à jeter l’ancre dans les eaux d’Oceana. Et pourtant, ce virage marin semble presque organique. Depuis des années, le groupe Gérard Bertrand cultive bien plus que du raisin : il régénère les sols, replante des haies, réintroduit des insectes auxiliaires, et orchestre la nature comme une partition biodynamique. Étendre cette conscience écologique aux écosystèmes marins est une suite logique, presque nécessaire, face à l’urgence climatique.
De la terre à la mer. Le coup d’éclat symbolique de cette collaboration s’appelle La Grande Bleue, une cuvée blanche IGP Méditerranée, certifiée bio, qui incarne cette vision élargie du vivant. Pas de fard ni de fût ici : un vin sans élevage en barrique pour préserver la pureté du fruit. Rolle, Grenache Blanc, Viognier, Chardonnay, Sauvignon : un assemblage ensoleillé et salin, à la finale d’embruns, conçu comme une immersion sensorielle. Prix doux (9,90 € la bouteille), mais ambitions hautes : chaque flacon vendu soutient les campagnes de terrain d’Oceana contre le chalutage de fond et pour la création d’aires marines protégées.
L’engagement en version liquide. À travers ce projet, Gérard Bertrand ne cherche pas à verdir son image : il confirme un ADN. Celui d’un producteur pour qui la viticulture n’est pas un métier mais un art de vivre en phase avec les forces naturelles, de la lune aux courants marins. Alexandra Cousteau, petite-fille du commandant et conseillère d’Oceana, y voit « un signal fort envoyé aux citoyens comme aux décideurs ». Vera Coelho, vice-présidente d’Oceana en Europe, salue un partenaire « aligné sur notre mission de mers saines et abondantes ».
Un futur liquide. En 2024, alors que 57 % des stocks de poissons méditerranéens sont surexploités, ce partenariat incarne une forme de diplomatie douce : celle du goût, de la conscience, du territoire. La Grande Bleue n’est pas seulement un vin ; c’est un plaidoyer buvable, une bouteille manifeste qui murmure à l’oreille du consommateur : « Vous pouvez changer le monde, une gorgée après l’autre. »
