Fnac Live 2025 : quand Air plane, Paris décolle

Il est 19h passée, et Paris bruisse d’une autre rumeur que celle de ses klaxons et de ses cafés bondés. Sur le parvis de l’Hôtel de Ville, l’été s’annonce en musique : le Fnac Live est de retour, et avec lui, une foule pressée, curieuse, électrisée. Ils sont là, amassés devant la grande scène, au cœur de la ville, le regard tendu vers les enceintes, le ciel dégagé au-dessus de leurs têtes. Un vent léger soulève les cheveux, les vêtements, les émotions. La première note de Dalí n’a pas encore résonné que déjà quelque chose se passe.

Dalí, justement. Jeune prince d’un rap qui joue les funambules entre le spleen et la lumière, il ouvre cette édition 2025 avec une intensité inattendue. Ni warm-up ni préambule : il explose d’emblée. Sur scène, il déploie un univers composite où les mots claquent comme des couleurs, soutenus par une production subtilement foutraque. Le public, un peu interloqué au départ, bascule rapidement. Il suffit d’un morceau, peut-être deux, pour que les corps bougent à l’unisson, comme traversés par une onde. Il y a quelque chose de joyeusement désinvolte dans ce démarrage, une façon d’assumer le chaos des styles, et de le transformer en fête collective.

La transition vers la nuit se fait en douceur. Le ciel rosit, le béton s’adoucit. Le festival aussi. C’est le moment choisi par St. Vincent pour entrer en scène. Blonde platine, silhouette graphique, guitare en main : icône rock qui ne joue pas à l’icône. Elle impose sa présence comme une évidence. Chaque riff est une gifle élégante, chaque morceau, une tension. Il n’y a pas de pause, pas de distance. Juste cette puissance scénique, comme un orage parfaitement maîtrisé. Le public se laisse prendre, hypnotisé. C’est un set dense, pensé comme une montée, sans relâche. Au loin, les premiers smartphones s’éteignent : on oublie de filmer, on préfère vivre.

Et puis vient Air.

À eux seuls, ils incarnent toute une époque. Celle où les machines apprenaient à être sensibles. Leur musique, planante, familière et pourtant toujours étrange, s’élève au-dessus des têtes comme une brume bienveillante. Ils sont deux, minimalistes dans l’attitude, précis dans le son. On flotte.

Les classiques s’enchaînent, et avec eux, les souvenirs. Sexy Boy déclenche des cris. La Femme d’Argent enrobe les visages d’un sourire doux. Sur les marches, certains ferment les yeux. Plus rien ne bouge. Il est tard et il fait encore bon.

À l’intérieur de l’Hôtel de Ville, un autre film se joue : hommage aux 70 ans du label Barclay. Là, dans les salons haussmanniens, les voix de Lavilliers, Dutronc, Carla Bruni et Louise Attaque se croisent et s’entrelacent dans une ambiance bon enfant.

C’est le contrechamp de la scène extérieure : la mémoire d’une certaine chanson française, en pleine conversation avec le présent.

Dehors, le dernier morceau d’Air s’éteint lentement. Les gens ne partent pas tout de suite. Ils traînent. Comme s’il fallait prolonger, retenir, graver cette première soirée dans le béton parisien. Le Fnac Live 2025 a repris possession de la ville. Et pour quelques heures, Paris a cessé de courir.