À Pékin, Dior se dote d’un nouveau manifeste architectural

À Sanlitun, quartier effervescent et laboratoire culturel à ciel ouvert de Pékin, Dior inaugure bien plus qu’une boutique. La Maison y dévoile un flagship spectaculaire, conçu comme une œuvre sculpturale par Christian de Portzamparc et son agence 2Portzamparc. Un projet à la croisée de la mode, de l’architecture et de la poésie, livré en décembre 2025.

Premier architecte français lauréat du prix Pritzker, Christian de Portzamparc signe ici sa troisième collaboration avec Dior, après Séoul en 2015 et Genève en 2024. À Pékin, il pousse encore plus loin cette idée qui lui est chère : penser les flagships Dior comme une collection, où chaque bâtiment dialogue avec les précédents tout en affirmant une identité singulière.

Un écrin sculptural au cœur de Sanlitun

Implanté au sein d’un ensemble urbain imaginé par Kengo Kuma et le studio Oval, le bâtiment prend place dans une composition de quatre volumes organisés autour d’une place en contrebas. Le projet repose sur la réhabilitation d’un existant, transformé en l’une des plus vastes boutiques Dior au monde.

Dès l’extérieur, la silhouette intrigue. Quatorze coques blanches, élancées et incurvées, s’élèvent comme des pétales monumentaux de vingt à vingt-cinq mètres de hauteur. Portzamparc les conçoit telles des cariatides contemporaines : elles soutiennent un vaste plan de toiture tout en donnant au bâtiment son rythme et sa respiration.

Quand l’architecture dialogue avec la couture

Ces pétales ne sont pas de simples gestes formels. Leurs courbes évoquent directement les drapés que Christian Dior modelait sur ses mannequins pour donner naissance à ses silhouettes. Une référence subtile, mais profondément ancrée dans l’ADN de la Maison.

Réalisées en résine avec une précision proche de l’aéronautique, les coques blanches viennent s’effleurer les façades vitrées dans un jeu d’assemblage unique. En contrepoint, les murs en tuiles de verre dorées apportent une vibration presque textile à la surface. Chaque tuile, légèrement différente, résulte d’un processus de fabrication artisanal aussi exigeant que celui des pétales.

Une mise en scène de la lumière

Le jour, l’alternance entre pleins et vides ouvre des cadrages inattendus sur le quartier de Sanlitun, offrant au passant une succession de points de vue changeants. La nuit, le bâtiment s’illumine de l’intérieur : la blancheur des coques se détache alors sur la douceur dorée des façades, révélant toute la majesté de la composition.

À l’intérieur, le programme se déploie sur plusieurs niveaux : espaces de vente, salons VIP, terrasse privée au dernier étage et restaurant, pensé comme une destination à part entière. Plus qu’un simple lieu de commerce, ce flagship se vit comme une expérience immersive.

Dior, Pékin et l’art de laisser une trace

Avec ce bâtiment-sculpture, Dior affirme une nouvelle fois sa vision du luxe : un luxe qui prend le temps, qui dialogue avec la ville et qui inscrit la création contemporaine dans la durée. À Pékin, Christian de Portzamparc signe un hommage architectural à l’esprit Dior, où la mode devient matière, et où l’architecture se fait couture.