Primeurs : un millésime hétérogène, mais meilleur que prévu

Présenté cette semaine en primeur, le millésime 2021 des vins de Bordeaux fait apparaître un tableau bien plus favorable que ce que les professionnels craignaient jusqu’à récemment, après trois bonnes années successives.

Au cœur des craintes, les conditions climatiques se sont montrées capricieuses sur l’ensemble de la période : gels tardifs, mildiou, faible ensoleillement estival (et donc, absence de stress hydrique) et enfin, menace de pluie en fin d’été, provoquant une précocité des vendanges. Mais si l’ensemble des appellations a subi indistinctement ce contexte défavorable, la qualité des vins n’a pas été affectée de la même façon. Les domaines qui le pouvaient ont en effet déployé des moyens importants pour compenser cet environnement défavorable (tri drastique, prise de risque, stratégies contre le gel…). Résultat : 2021 sera un « millésime de vigneron », marqué par un primat du travail sur la météo.

Pour cette raison, les primeurs ont révélé quelques belles surprises avec de la matière et des arômes flatteurs. Nous pouvons citer, sans exhaustivité, Château Smith Haut Lafitte, Château Canon, Château Clinet ou Château Lafite Rothschild.

« Si des conditions météorologiques favorables tirent indistinctement l’ensemble des appellations vers le haut, les grands domaines, grâce à leur terroir exceptionnel et à leurs moyens humains, creusent l’écart dans les années plus défavorables. Le millésime 2021 confirme cette réalité », constate Juliette Thery, directrice opérationnelle chez Cavissima.

Reste à savoir si cette dichotomie se traduira par des trajectoires de prix divergentes dans les mois qui viennent. Même si leurs primeurs sont commercialisés avec une décote par rapport à l’an passé, les Grands crus profiteront de la diversité et de la vigueur intacte de la demande internationale, fortement représentée lors des primeurs de Bordeaux après deux années de Covid. A l’inverse, le prix des vins de milieu de gamme subira un parcours plus hétérogène, voire plus mitigé, en fonction des qualités respectives et de stratégies déployées par chaque domaine.

Autre conséquence du contexte météorologique de l’année passée, le millésime 2021 aura moins de potentiel de garde que les précédents. Il devrait donc vraisemblablement se raréfier plus rapidement, avec un impact sur les prix sur le marché secondaire.