Véritable institution en Italie, le café est le breuvage préféré des habitants de la botte. Il est aussi réputé dans le monde entier. Il fait partie de la culture et de l’histoire de la péninsule. Reportage.
Comme chaque matin, Frederico, 40 ans, se pose à la terrasse d’un café de la piazza Navona, dans le centre de Rome. Le temps est au beau fixe, il fait déjà une vingtaine de degrés. Avec ses lunettes de soleil sur le nez et sa chemise impeccablement repassée, il commande un café. « Ristretto, comme d’habitude, s’il-vous plait » glisse-t-il au garçon. Le jeune barista s’affaire derrière le comptoir pour préparer le précieux nectar. Frederico, cadre dans une entreprise de télécommunication, ne dérogerait pour rien au monde à ce petit plaisir. « Pour moi, chaque matin, c’est un petit rituel, je ne peux pas m’en passer ». Deux gorgées plus tard, il prend le chemin du travail. Cette scène fait partie des images de cartes postales de l’Italie. Ce petit bonheur en tasse est le fruit d’une histoire et d’un savoir-faire !
Marchands vénitiens
Petit retour en arrière sur l’histoire du café italien et son introduction en Europe. Selon les historiens, il a été découvert en Ethiopie vers le Xème siècle et a ensuite été cultivé au Yémen et dans la péninsule arabique. Sept cents ans plus tard, il arrive à Venise par l’intermédiaire des célèbres commerçants vénitiens, alors très actifs à cette époque. N’hésitez pas d’ailleurs à aller déguster un café dans le mythique Café Florian de la place Saint-Marc. Ce dernier a été fondé en 1720. Au XVIIIe et XIXe siècles, les cafés vont se multiplier dans toute l’Italie. Il faut savoir qu’avant de devenir boisson ordinaire, le café était surtout consommé pour ses vertus médicinales et digestives.
Quelques décennies plus tard, c’est à Turin que des torréfacteurs mettent au point le marrochino, un café typique du nord de l’Italie, glissé à l’intérieur d’une tasse en verre avec un peu de chocolat. Dans le sud de l’Italie, certains amateurs de café se servent de la cafetière napolitaine. Le café a un gout corsé, intense. Mais celle qui est la plus utilisée par les Italiens est la Moka. Elle est aussi nommée la machine à café de Bialetti.
Particularités régionales
Milan, capitale économique trépidante, est aussi une ville phare du café italien. Là-bas, le café se boit plus léger. Au comptoir des bars, les hommes en costard viennent commenter les résultats des matchs de la veille et prendre leur café. Luigi feuillète le journal. « Je préfère boire chaque matin un Lungo, question d’habitude », glisse ce souriant trentenaire. Le lungo est un café plus allongé et plus léger. Le café italien possède un goût inimitable et ce n’est pas le fruit du hasard ! Dans de nombreuses contrées d’Italie, on trouve encore de nombreux torréfacteurs locaux qui utilisent un savoir-faire ancestral. C’est le cas de Marcello, un grand gaillard de 70 ans, torréfacteur dans la région des Pouilles. Installé à 20km de Bari, ce torréfacteur fourni de nombreux cafés de la ville. N’allez pas lui demander son secret de fabrication. « Désolé, j’ai des trous de mémoire en ce moment » lâche-t-il avant de nous quitter.